J’espère que tu vas bien en ce doux Dimanche.
Il y a peu j’ai reçu un message qui m’a fendu le cœur. D’une jeune femme, une jeune mère. Ça pourrait être toi, ça pourrais être moi, en fait peu importe. On peut toutes vivre ce genre de situation que ce soit notre premier ou notre cinquième enfant.
On dira qu’on fait une dépression postpartum. On pensera et peut-être à raison que notre allaitement se passe mal -et comment pourrait-il en être autrement si nous-même allons mal-. Notre couple sera peut-être même au bord de la rupture. C’est du moins les mots que l’on mettra en façade. Parce que dans l’immédiat on ne sait pas décrire la profonde noircir de ce tourbillon dans lequel on a l’impression de se noyer. Mais on a froid. On a peur. C’est vide, et les quelques sourires de notre bébé nous paraissent loin comme derrière un épais brouillard. On tend la main désespérément pour que l’on vienne nous sortir de là . Mais rien n’y fait. Personne n’entend, personne ne comprend. Qui le pourrait ? Une autre femme, une autre mère peut-être ? Mais même pas sûr, nos capacités de résilience sont si différentes parfois.
Notre conjoint ? Comment ? Le bordel des hormones qui se joue, il ne le vivra jamais. La culpabilité, la honte, la peur, l’horrible déracinement et l’arrachement à notre instinct de femelle mammifère que nous demande notre société séparatiste à l’extrême avec nos bébés.. Il ne vivra jamais tout cela. Et comment le lui faire comprendre en si peu de temps ? Avant qu’il ne soit trop tard et que tout pète ?
J’ai la boule au ventre d’écrire ces lignes, des larmes coulent. Parce que je sais tellement de parents, de femmes, de mères dans cette détresse si accablante.
Mais je souris aussi. Oui je souris.
Et sous mes larmes et ma rage de ne pouvoir venir te serrer moi-même dans mes bras. Te caresser les cheveux et te dire que tout ira mieux demain. Parce que c’est une certitude tout ira mieux. Tu ne le sais pas encore, mais tu as tellement de force en toi, tellement de pouvoir. Et je sais à quel point se rendre compte de notre force et de notre pouvoir dans une société qui n’a de cesse de chercher à nous en priver, d’essayer de briser nos ailes dès que nous en prenons pleinement conscience. Voire même avant même d’en prendre conscience. C’est si facile de nous transformer en numéro et de nous imposer des protocoles dès que nous avons nos premières règles, dès qu’on comprend que l’orgasme est si bon, doux et révélateur de nous-même. Dès que nous sommes enceintes et que toute notre primitivité se réveille comme une déesse endormie, une valkyrie prête à revenir sur le champ de bataille.
Mais je te le disais. Je souris. Car ce qu’ils ignorent. Et même lorsqu’ils le savent et continuent de nous mettre des bâtons dans les roues. C’est que de tout temps les femmes ont trouvé le moyen de se relever. Les humains, quel qu’ils où elles soient ont puisé et inventer des ressources pour aller de l’avant.
Si aujourd’hui te lever te semble impossible, que chaque tétée est devenu une bataille avec toi-même. Qu’en toi tempête la déesse qui veut sortir, la valkyrie qui veut se battre pour enfin te révéler à toi-même. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Une bataille psychique entre tout ce que tu as fait pour survivre tout au long de ta vie et en arriver là aujourd’hui, et ton instinct primaire, celui de milliers de femmes avant toi qui se réveille, face à ce petit être qui t’a révélé à toi-même.
Ne reste pas seule. Il te reste assez de force pour pousser les portes d’un lieu qui sera t’accueillir. Accueillir la guerrière blessée, penser et panser tes plaies. Te rassurer et te dire que oui…
OUI tu as le droit de changer,
OUI tu as le droit de te révéler,
OUI tu as le droit de pleurer cette Matrescence douloureuse mais nécessaire,
OUI tu fais ce qu’il faut pour ton bébé mais aussi pour toi.
OUI tu peux enfin t’aimer,
OUI tu peux penser à toi, te relever sans être une mère égoïste et une épouse autocentrée.
OUI tu vas faire des erreurs, mais qui n’en fait pas ? OUI tu sais !!
OUI tu as le droit de pleurer de bonheur et de hurler de désespoir dans la même seconde ;
OUI tu es et resteras imparfaite, mais et alors ?
OUI tu es puissante et tu as le droit de l’être
OUI tu es fragile et tu as le droit de l’être.
OUI tu as FUCKING le droit d’exister dans toutes tes dimensions et le crier au monde BORDEL DE MERDE ! Si tu te reconnais dans ces mots, va. Ta quête est là . Tes dernières forces doivent te servir à te sauver toi. Car c’est en prenant soin de toi que tu pourras prendre soin des autres.
Peu importe la méthode, psy, sage-femme, doulas, accompagnante périnatale/parentale, ton médecin de confiance… Commence quelque part. Et si la seule réponse que tu obtiens c’est « mais madame vous êtes en pleine dépression postpartum, ça va passer… » « tenez prenez ceci… » Fuie ! Trouve ce qui te convient. Ne reste pas sur des réponses toutes faites. Internet regorge de beaucoup de conneries. Mais aussi d’un grand réseau de femmes qui ont déjà vécu cela avant toi, ou qui le vivent au moment même où tu lis ces lignes. Et nous sommes toutes prêtes à nous entraider et nous soutenir. Si nos enfants sont l’avenir de demain, nous sommes le terreau dans lequel ils se nourrissent et grandissent. Et une plante peut pousser seule contre vent et marée mais sa beauté et sa résistance viendront de la qualité de la terre dans laquelle elle a pu puiser son énergie. Notre travail de jardinière du monde, au-delà de les arroser de notre lait, et de prendre soin de ce terreau. Prendre soin de nous, pour nous, entre nous…
Pour lui,
Pour elle,
Pour eux,
Pour demain…
Prends soin de toi, je t’enlace tendrement.
Puise dans la force de cette Lait’tre, et fait ce qui doit…
Tu as le droit.
Je t’aime,
Je ne te connais pas mais je t’aime.