-Ah bah si tu allaites, tu ne peux pas manger de choux, ça va lui faire mal au ventre.
-Le jus d’orange, n’y pense même pas ça va lui donner la diarrhée !

-Ah moi je te déconseille de manger ses sushis, c’est du cru hein, tu allaites je te rappelle…

Oh mais ce n’est pas bientôt fini oui ! 

Quand nous entrons dans le monde de la maternité nous découvrons un mode alimentaire différent qui proscrit des aliments que nous considérions comme sains changeant au passage certaines manières de consommer, conserver ou choisir ce que nous mangerons durant cette période.

Une fois ce bel être sorti de notre sein, tombe sur nous le même genre d’injonctions et dans le but de continuité de protection de notre bébé nous suivons ces conseils aguerris mais qu’en est-il de leur fondement ?

Commençons par rappeler un fondamental, la nutrition via le placenta de la grossesse n’a pas le même fonctionnement que l’alimentation au sein.

Parfois c’est juste ce point-ci à éclaircir pour comprendre que l’alimentation lors de la grossesse n’est pas la même en étant allaitante. Cependant quelques fondamentaux se rejoignent surtout en post partum. Ex : L’alcool (voir dossier complet sur le sujet 🙂).

Maintenant marquons une pause pour digérer ceci :

VOUS POUVEZ MANGER ABSOLUMENT MANGER TOUT CE QUE VOUS VOULEZ EN ALLAITANT.

Oui oui, vous avez bien lu !

Il n’y a pas de restrictions alimentaires particulières comme cela a pu être le cas lors de la grossesse (notamment pour éviter les risques bactériologiques de toxoplasmose, de listériose et de salmonellose). La femme allaitante peut manger et boire ce qu’elle veut.

En prenant à part les pathologies allergiques et les intolérances de chacun (maman et bébé), allaiter n’est pas contraignant. 

Les bébés ne sont pas allergiques au lait maternel, car il est parfaitement adapté à leur intestin *. Dans de rares cas, certains bébés peuvent toutefois présenter une allergie aux protéines d’un aliment que leur mère consomme et qui se retrouvent dans leur lait. Il peut s’agir de protéines de divers aliments, exemple : les produits laitiers.

On n’a pas démontré qu’il existe un lien entre l’alimentation de la mère qui allaite et le risque que le bébé allaité développe des allergies alimentaires. Même si des membres de votre famille ont des allergies alimentaires, vous n’avez pas à retirer de votre alimentation les aliments les plus allergènes pendant votre allaitement.

*Exception pour la galactosémie congénitale du nourrisson : c’est une pathologie congénitale autosomique récessive sévère : les deux parents de l’enfant doivent être porteurs du gène défectueux et le transmettre tous les deux à l’enfant, causée par un déficit de l’une des enzymes nécessaires au métabolisme du sucre présent dans le lait maternel. Un accompagnement spécifique est délivré dès la naissance et la détection se fait rapidement par les signes cliniques et la confirmation par le test de Guthrie (prise de sang au talon ou à la main du nourrisson).

L’allaitement maternel est un fleuve ruisselant qui s’écoule et s’adapte au lit que la terre lui propose, c’est pour cela que l’observation est la clé de sa facilitation.

Le système de bébé étant immature réagit plus facilement qu’un système digestif rodé. Les agents présents dans le lait maternel aident à son ingestion et sa digestion plus douce et respectueuse de son système car le lait maternel dans sa conception compense cette immaturité.

Pourtant quelque fois, bébé peut montrer des signes de gènes. Si votre bébé réagit à un aliment que vous consommez, il se sentira mieux dès que vous cesserez de manger cet aliment. Mais il vous remontera des signes d’inconfort dès que vous en consommerez de nouveau.

Si vous présentez une quelconque inquiétude consultez votre professionnel de santé !

Lorsque bébé se calme après l’arrêt de consommation de cet aliment cela peut être intéressant de s’en passer et de réessayer d’en consommer un peu plus tard en toutes petites quantités car les intolérances en tant que nouveau-né ne sont pas vouées à rester infiniment. Un professionnel de la nutrition sera à même de vous accompagner dans cette aventure, autant pour veiller au confort de votre bébé que pour veiller à vos apports.

Une étude a mis en évidence que les mères gambiennes malnutries produisaient autant de lait que des mères anglaises bien nourries et l’on sait maintenant que l’état nutritionnel de la mère a une influence mineure sur sa lactation, la quantité et la composition du lait restant globalement stables. 

Le lait maternel à une composition dite de base qui ne varie que très peu et tire des réserves du corps maternel les apports dont il aurait besoin. Cette production lactée augmente en réponse aux besoins du petits et stimulations mécaniques sachant que le corps maternel a la capacité physiologique de produire nettement plus de lait que ce qui est nécessaire (stimulation = production).

La lactation humaine semble être affectée uniquement en cas de déshydratation majeure alors que ni la malnutrition, ni les maladies courantes ne semble avoir d’impacts significatifs.

Même si les variations de leur taux restent limitées, la consommation de vitamines et acides gras peuvent soutenir leur teneur dans le lait maternel.

Fabriquer du lait nécessite une dépense énergétique supplémentaire au corps maternel. En cas d’alimentation peu nutritive, les réserves du corps seront alors d’autant plus creusées quand cette superbe machine brulera son énergie pour donner le meilleur à votre bébé.


Certains ingrédients actifs ou substances sont transférés dans le lait maternel. En nutrition nous pouvons penser aux ingrédients pas jolis jolis comme les E par ci E par-là par exemple ou encore les aliments non nutritifs de compensation (édulcorants …), la caféine… Alors de temps en temps c’est ok, mais cumulé c’est à éviter.

On connaît bien les impacts de l’alimentation sur la flore intestinale. La santé du microbiote maternel offre un transfert (via la voie entéro-mammaire) de bonnes bactéries à celui de bébé, lui cédant donc un terrain sain pour le sien.  

Le goût du lait aussi est influencé par ce que les mères mangent. Les habitudes alimentaires futures de bébé sont donc impactées, éveillant bébé à une multitude de saveurs pour ses goûts futurs !

Ce sont ces mêmes attraits que vous retrouverais dans les préférences de votre enfant lors de la découverte alimentaire alias la diversification.

En bref, l’alimentation de la mère allaitante doit être tourné vers la mère car son corps privilégiera son bébé ! 

Ensuite l’observation de bébé permettra de connaitre son terrain et adapté (aux besoins) vos choix d’aliments.

Les besoins maternels sont peu connus alors qu’ils sont fondamentaux dans la protection de la santé maternel, et donc, via le lait maternel, de celle de bébé.

Manger varié et équilibré, boire suffisamment et être à l’écoute de son corps sont une protection supplémentaire pour votre lactation.

Certains aliments peuvent être amis de votre lactation : ils sont appelés « galactogènes » (voir recette Boobster 🙂) et d’autres ne le sont pas : « anti galactogènes » sont connus pour diminuer la production. 

Vous vous demandez peut-être pourquoi il n’y a pas de listes d’aliments : car cela varie selon chaque femme ! Soyez observatrices de votre lactation, ressentez et choisissez vos aliments amis. Parfois cela passera inaperçue et parfois une petite consommation se fera remarquée. 

Pour cela une palette de professionnels existe, allant des Nutritionnistes aux Naturopathes spécialisés en allaitement maternel. Naturellement votre facilitatrice d’allaitement approche apasdemoa vous accompagnent dans ces points cruciaux.

Prenez soin de votre appétit, votre corps prendra soin de votre petit 🍽️ !

Sources :

La transmission de l’immunité de la mère aux jeunes et le catabolisme des immunoglobulines (THE LANCET) : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(66)92190-8/fulltext

Le type de graisse alimentaire influence la teneur totale en matières grasses du lait chez les femmes maigres (ÉTUDE) : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15735072/

Apprentissage prénatal et postnatal de la saveur par les nourrissons humains ( ÉTUDE) : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11389286/

Actualisation repères alimentaire du PNNS pour les femmes enceintes ou allaitantes (ANSES) : https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2017SA0141.pdf

Volumes de lait chez les femmes qui allaitent pendant le début de la lactation et de la lactation complète (ÉTUDE) : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0002916523161831

Effet de l’infection maternelle post-partum sur les protéines et les oligo-éléments dans le colostrum et le lait précoce : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8827094/

Galactosémie Congénitale / Apasdemoa : https://www.youtube.com/watch?v=KcPwuAgpH4k

Alimentation et allaitement / Apasdemoa : https://www.youtube.com/watch?v=Pk07bzyZ_MM&list=PLeqqb_cVLWgEAuObiA1TznQm4oW9aeE8U